La genèse de la statue

La réalisation de la statue est-elle une création ou restauration?

Ce projet de réalisation de la statue que Francis Renaud a créée en hommage à Loti, est à la fois création et restauration d’un patrimoine artistique. D’où une ambiguïté qui rend complexe son orientation et sa désignation. Un artiste sculpteur va réaliser le monument à l’identique et ranimer la mémoire d’un autre artiste costarmoricain de talent.

Au regard de notre association qui est l’initiatrice du projet, il s’agit bien de réveiller un patrimoine existant, puis oublié, qui permettrait aux paimpolais de se réapproprier un morceau de leur histoire afin de la transmettre et, de pérenniser l’image de l’écrivain voyageur, objectif commun aux deux associations.

Patrimoine historique, économique, humain.

Rappel évident de la période de la Grande Pêche, la statue est un hommage aux femmes qui ont payé elles aussi, un lourd tribut à la mer qui les aidait à vivre. Elle est l’hommage à Loti, à qui Paimpol doit une grande partie de sa notoriété et l’âme des lieux. Représentation symbolique, perpétuant pour la jeune génération paimpolaise un épisode de l’histoire de leur pays que leurs grands-parents et parents ont eu tendance à vouloir occulter, tant le souvenir en était douloureux. Représentation symbolique aussi pour les visiteurs de passage qui, lorsqu’ils viennent à Paimpol, s’attendent à trouver quelque témoignage de cette époque.

Patrimoine artistique auquel est rattaché le nom de grandes figures des Côtes d’Armor.

Hommage à Francis Renaud, sculpteur briochin de grand talent et de renommée nationale, mais aussi à Armand Dayot enfant de Paimpol qui, devenu Inspecteur Général des Beaux-Arts, a soutenu l’artiste, à Monseigneur Jean Kerleveo, qui aurait aimé voir le projet réalisé et avait confié ce souhait peu de temps avant son décès à son ami Serge Le Quéau.

L’œuvre de Francis Renaud a reçu en 1932 la médaille d’or au Salon des Artistes Français à Paris, mais il n’a pas eu de commande et la statue n’a pas été réalisée avant son décès. Elle est l’émouvante représentation de l’art si particulier de son auteur et l’évocation de la souffrance des femmes de marins perdus en mer, lors de la grande épopée de la pêche à Islande qui a marqué l’histoire de Paimpol dans la deuxième moitié du 19ème siècle et jusqu’à l’entre-deux guerres.

Maquette de Francis Renaud

 

Ce couple de femmes qui se tiennent côte à côte, l’une en coiffe, debout, droite, le visage impassible et dur, les yeux perdus vers le lointain, l’autre la tête inclinée et en partie cachée par sa cape de veuve serait un vibrant hommage à l’écrivain qui a contribué à la notoriété de Paimpol.
Francis Renaud a choisi cette représentation de veuves d’Islandais, en pensant aux deux personnages féminins du roman de Pierre Loti : la grand-mère Moan et Gaud car, disait-il, «elles répondaient le mieux à cette courte mais impitoyable phrase de son roman Pêcheur d’Islande : Elle (Gaud) s’était mise à l’attendre… Il ne revint jamais ».